En matière d'épargne, les Français privilégient la sécurité. En témoigne l'explosion des encours des livrets réglementés depuis le début de l'année. Selon les données de la Caisse des Dépôts, la collecte du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire a atteint 730 millions d'euros en septembre.
Certains esprits critiques pourraient arguer que c'est quatre fois moins qu'au mois précédent, voire qu'en septembre 2002. Il faut en effet remonter à octobre 2022 pour trouver un montant aussi faible. Cependant, Philippe Crével, le dirigeant du Cercle des épargnants, préfère noter que "avec le non-relèvement du taux du Livret A le 1er août dernier, le placement reprend sa saisonnalité habituelle."
La seconde moitié de l'année est en effet moins propice à l'épargne réglementée, car les ménages doivent faire face aux frais de la rentrée scolaire, à la taxe foncière et aux dépenses de Noël. Ces dépenses sont encore aggravées par l'inflation cette année.
Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, constate : "Les Français qui pouvaient remplir leur Livret A l'ont fait, ceux qui disposent de liquidités recherchent désormais d'autres placements."
En effet, le Livret A doit désormais faire face à une concurrence féroce. Tout d'abord, le Livret d'épargne populaire (LEP) a franchi en août la barre des 10 millions de détenteurs, soutenu par un taux attrayant de 6%, selon la Banque de France. L'objectif de la Banque de France est d'atteindre 12,5 millions de détenteurs à l'été 2024 parmi les 18,6 millions de personnes éligibles identifiées par la Direction générale des finances publiques.
Ensuite, la guerre fait rage entre les banques et les fintechs pour promouvoir leurs comptes à terme, longtemps négligés. Ces comptes, offrant un rendement croissant avec la durée de détention, suscitent un regain d'intérêt chez les ménages. Les dépôts sur ces comptes bloqués pour une durée déterminée ont atteint 407 milliards d'euros en août, soit une augmentation de 13 % sur un an, selon la Banque de France.
Grâce à la hausse des taux, ces placements, qui ne rapportaient pas grand-chose il y a encore quelques mois, offrent désormais des rendements alléchants, atteignant environ 4 % brut pour un blocage des fonds sur deux ans.
Les comptes à terme sont aussi simples à ouvrir que les livrets réglementés, mais ils obéissent à des règles strictes. Ils ne comportent aucun frais d'ouverture, de clôture, de tenue de compte ou de gestion. La banque se rémunère en prélevant une commission sur le taux d'intérêt produit.
Les fonds doivent être déposés en une seule fois, sans possibilité de versements ultérieurs. Bien que le compte à terme ne soit pas strictement bloqué, il est déconseillé de retirer les fonds avant l'échéance, car cela impliquerait généralement une réduction de la rémunération.
Le taux de rémunération est garanti et fixe pour une durée déterminée, pouvant varier de très court terme (un mois minimum) à moyen terme (trois ou quatre ans). À la clôture du compte, l'investissement initial est restitué avec les intérêts.
Attention, les intérêts produits par le compte à terme sont fiscalisés. Ils sont soumis à un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% lors de leur encaissement, englobant l'impôt sur le revenu (au taux forfaitaire de 12,8%) et les prélèvements sociaux (au taux forfaitaire de 17,2%).
La concurrence entre les banques est vive pour attirer les épargnants, d'autant que les comptes d'épargne proposés par les banques étrangères offrent des taux plus élevés que ceux en vigueur en France, ce qui explique leur meilleure rémunération. De plus, les filiales bancaires des groupes automobiles rémunèrent leurs comptes d'épargne grâce aux bénéfices générés par les prêts automobiles, qui sont généralement plus coûteux que ceux des banques traditionnelles. Ces acteurs ont tout intérêt à rendre leurs placements attractifs, car les fonds placés sur les comptes à terme servent à financer les prêts automobiles, ce qui leur revient moins cher que de recourir à l'emprunt.